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Depuis longtemps déjà - pour ce qui concerne la partie strictement photographique de son travail - le sujet de Laurent PATART est le paysage, son médium la photographie numérique et sa méthode le collage.

 

Le lieu découvert puis choisi, il s'agit d'abord pour lui de rechercher le point de vue, puis de construire la séquence à réaliser.

Il retire alors de l’instantanéité, ajoute des étapes, des choix à faire, de la lenteur, de la concentration : déterminer les paramètres d'exposition, enchainer les prises de vues. Ensuite, une fois rentré, bien après, l'assemblage sur ordinateur, les corrections nécessaires (parfois aussi des déplacements, voire des suppressions et des ajouts), le recadrage et, enfin, le résultat apparait à l'écran, comme se dévoilant progressivement sur un papier photosensible exposé à l’agrandisseur puis chimiquement révélé. Ce qu'il avait vu sur le terrain (d'abord comme une réalité tangible puis comme l'intuition d'une autre réalité possible) devient - alors et seulement - un paysage : le sien. Là est, pour lui, l'ultime - le seul ? - instant décisif.

 

Cette façon de faire incorpore dans le résultat ainsi obtenu des "décalages perceptifs" comme en parle, à propos du courant photographique Nouveau Pittoresque, Christine Ollier : "A partir de démarches objectives, [il s'agit de] requalifier la vision documentaire en la 'surpassant' par un apport formel. Sortes de 'dérives' documentaires éclairées par le désir esthétique de l’auteur, ces créations peuvent interroger la notion du pittoresque à travers une posture néoromantique."

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Et, dès lors qu'il est possible de parler de paysage d'un espace offert à l’appréciation esthétique, la vision de Laurent PATART s'applique ainsi et régulièrement à des lieux dénués en apparence de tout ce qui est communément censé constituer un beau paysageIl tâche donc de les restituer, à l'image d'un jardin ("partie totale, îlot de quintessence et de délectation, paradis paradigme" selon Alain Roger), espaces scéniques ambiguës, mêlant documents et écritures, profondeur et platitude, circulations et échanges, saturation et compression - comme autant de dioramas.

Claude VALLET

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